Exhibition
The Yellow Book

INSTALLATION VIEW “The Yellow Book”, 2025. Courtesy of the Artist and Sultana.
The Yellow Book explores the theme of bitterness and the distinctive relation to time that this affect produces. Bitterness is an emotion we are trained to disavow: it is unattractive precisely because it refuses conversion into growth or redemption. In a culture that values productivity and the narratives of self-improvement, it appears stubborn, reactive, and socially corrosive. It emphasises immanence, circling the injury rather than transcending it, aligning with the cyclical rhythms of myth rather than the forward thrust of historical time.
In the paintings, this theoretical account of bitterness takes on a material form. Dense patterning and obsessive detail, suggesting both pleasure and anxiety, echo the visual strategies of the Decadent movement, with its fascination for decline as well as its recurring apocalyptic visions. Organic and architectural forms -glass nerves, muscle fibres, stinging nettles, citric acid and fractured structures- evoke a materiality marked by corrosion and contact. Bodily and mechanical apertures function not as thresholds to cross but as spaces to dwell in and around, reflecting a visual logic akin to Catholic wound mysticism, a tangible point of meditation.
This intensity of feeling and corporeal attention is mirrored in figures who emblematise bitterness for me: a drawing of Prometheus by Sergei Eisenstein is surrounded by plume moths and caterpillars consuming bindweed, an image of Nijinsky, whose speech is extracted by a confessional-like fan; and an imagined poster for Pasolini’s Teorema, depicting an empty interior dominated by a T-shaped window that evokes surgical intervention.
The exhibition takes its title from The Yellow Book, the periodical illustrated by Aubrey Beardsley that Oscar Wilde was reportedly carrying when he was arrested for “gross indecency.” By the 1890s, The Yellow Book had become a symbol of moral danger, onto which anxieties about sexuality and corruption were projected. In this context, the book, and its acidic yellow colour, signals the intersection of decadent art, queerness, and a melancholic attention to time, linking the decadent aesthetic to a persistent, material engagement with the wound.
Justin Fitzpatrick
*Decadence, or decadentism, emerged in the late nineteenth century as a literary and artistic movement across Europe and the United States. It rejected the promises of progress and bourgeois materialism, favoring instead refined aesthetics, dandyism, and a melancholic, disenchanting perspective on the world.

INSTALLATION VIEW “The Yellow Book”, 2025. Courtesy of the Artist and Sultana.
The Yellow Book explore le thème de l’amertume et la relation singulière au temps que cet affect produit. L’amertume est une émotion que l’on nous apprend à cacher : elle est considérée comme négative puisqu’elle ne permet ni élévation ni rédemption. Dans une culture valorisant la productivité et le développement personnel, elle peut sembler obstinée, impulsive voire socialement corrosive. L’amertume s’ancre dans l’immanence et s’attarde sur la blessure plutôt que de chercher à la sublimer. À cet égard, elle s’accorde mieux avec le rythme cyclique propre au mythe plutôt qu’avec l’élan linéaire du temps historique.
Dans cette série de peintures, la complexité des motifs et l’obsession du détail suggèrent à la fois le plaisir et l’anxiété. Ils font écho aux stratégies visuelles de la Décadence, à sa fascination pour le déclin et ses visions apocalyptiques. Les formes, qu’elles soient architecturales ou organiques – nerfs de verre, fibres musculaires, orties, acide citrique et structures brisées- évoquent une matière marquée par la corrosion et le contact. Dans ces compositions, les ouvertures fonctionnent non pas comme des seuils à franchir, mais comme des espaces où demeurer. Elles rappellent, dans leur logique visuelle, les stigmates de la mystique catholique, ces éléments concrets qui invitent à la méditation.
Cette attention au corps et cette intensité des sentiments se retrouvent dans des figures que je considère comme emblématiques de l’amertume : un dessin de Prométhée par Sergueï Eisenstein, entouré de papillons-plumes et de chenilles dévorant du liseron ; une image de Nijinski, dont la parole est extraite par le système deventilation d’une pièce aux airs de confessionnal ; ou encore une affiche imaginée pour le film Théorème de Pasolini, représentant un intérieur vide dominé par une fenêtre en T suggérant une intervention chirurgicale.
Le titre de l’exposition fait référence à The Yellow Book, revue illustrée par Aubrey Beardsley, qu’Oscar Wilde aurait portée sur lui lors de son arrestation pour “outrage aux bonnes mœurs”. Dans les années 1890, The Yellow Book devint un symbole du danger moral et cristallisa de nombreuses angoisses liées à la sexualité et à la corruption. Dans ce contexte, le livre, par sa couleur jaune acide, révèle le lien entre le décadentisme, l’identité queer et le rapport mélancolique au temps. Loin de chercher à la transcender, l’esthétique de la Décadence s’inscrit dans un engagement physique permanent avec la blessure.
Justin Fitzpatrick (Traduction : Julia Metropolit)
* La Décadence, ou décadentisme, est un mouvement littéraire et artistique de la fin du XIXᵉ siècle, qui s’est développé principalement en Europe et aux États-Unis. Il se caractérise par le rejet de l’idéologie du progrès et du matérialisme bourgeois, au profit d’une esthétique raffinée, d’un dandysme assumé et d’une vision désenchantée du monde.

INSTALLATION VIEW “The Yellow Book”, 2025. Courtesy of the Artist and Sultana.
2025. 11. 29. (Mon) – 2026. 01. 31. (Tue)
Sultana